A l’occasion de la dernière dégustation sur les vins de Bordeaux biodynamiques, je me suis rendue compte que la notion de biodynamie soulevait beaucoup d’interrogations. La bio… quoi ? Qu’est-ce que ça change ? Et le bio dans tout ça ? Je vais donc tenter d’apporter quelques réponses qui j’espère vous seront utiles.
Comme le dit Isabelle Guichard dans son Précis à l’usage de ceux qui pensent que Demeter n’est qu’une déesse grecque : « En résumé, la biodynamie, c’est biologique, écologique et surtout très sympathique. ».
La biodynamie c’est effectivement un mode de production qui se veut vertueux et qui propose une alternative à la chimie. Elle s’appuie sur une vision qui prend en compte l’ensemble des éléments de la plante et de son environnement pour tendre vers l’harmonie et l’équilibre naturel.
Concrètement qu’est-ce que ça veut dire ?
Ça veut dire que les vignerons biodynamistes travaillent leurs sols de manière à préserver cet écosystème (travail peu profond, enherbement entre les vignes, compost), que la vigne est traitée par des préparations proches des tisanes de grand-mère ou de l’homéopathie (les plantes utilisées vont protéger ou nourrir la vigne) et selon des rythmes définis par le calendrier lunaire car la vigne est au centre d’un univers complexe, presque magique.
En gros, comme le dit Antoine Gerbelle, dans l’émission On va déguster consacrée au sujet vin et biodynamie, c’est comme si vous alliez voir un médecin et qu’au lieu de vous soigner avec des molécules chimiques, il vous soignait avec des plantes.
Et le bio dans tout ça ?
Le bio c’est refuser les intrants (engrais, pesticides) d’origine chimique et n’utiliser que des intrants d’origine naturelle. Le bio est une démarche préalable à l’obtention du certificat en Biodynamie. La conversion, pour le bio, dure trois ans. Auxquels il faut ajouter une année supplémentaire pour ceux qui souhaitent passer en biodynamie.
Et le vin naturel ?
L’objectif des vignerons qui produisent des vins naturels est de ne rajouter aucun intrants sauf, éventuellement, un petit peu de soufre. Le vin naturel ne bénéficie pas à ce jour de label. L’Association des Vins Naturels travaille à l’écriture d’un cahier des charges qui autoriserait 30mg/l de soufre maximum pour un vin rouge sec, là où la limite est 100 mg/l pour les mêmes vins produits en bio.
Qu’est-ce que ça change au goût ?
Bien sûr il faut du temps pour que les effets de la biodynamie se retrouvent dans le vin. Mais il y semble y avoir un consensus sur le fait que les vins produits en biodynamie sont plus digestes et moins forts en alcool.
L’effet millésime est également plus présent que chez les vins conventionnels. Comme le vigneron n’utilise pas toute une palette d’artifices pour obtenir un goût standardisé, les spécificités du terroir et du millésime sont au contraires plus manifestes.
En 2015, la biodynamie représentait seulement 1% du vignoble français et pourtant elle déchaînait déjà passions et débats. Aujourd’hui la biodynamie ne représente pas une part beaucoup plus importante du vignoble mais elle est acceptée par beaucoup de professionnels du vin (vignerons, restaurateurs, cavistes, négociants…) comme un mode de production alternatif légitime. La preuve en est que plusieurs grands domaines (dont des grands noms du vin) en Bordeaux ou Bourgogne s’y sont mis.
Pour aller plus loin :
Vin et biodynamie dans On va déguster : https://www.franceinter.fr/emissions/on-va-deguster/on-va-deguster-17-septembre-2017
Précis à l’usage de ceux qui pensent que Demeter n’est qu’une déesse grecque, Isabelle Guichard, éditions de l’Epure.